Pastorale des Vocations.
Vous avez reçu la lettre de présentation des propositions faites à la Session de Castelgandolfo pour une Pastorale des vocations renouvelées.
Voici le texte d'une des interventions faites lors de cette session.
Il y a place, sur ce blog pour échanger sur ce thème. Merci de votre participation.
Pastorale des Vocations
Une éducation au sens, une pastorale de cheminement.
Toute vocation, notamment celle au sacerdoce et à la vie consacrée, est une expression de l'unique vocation chrétienne, la vocation baptismale.
Par conséquent, ce qui est dit là, concerne tout baptisé dont quelques-uns peuvent entendre un appel à une radicalité plus grande.
"Sens" d'une vocation chrétienne qui s'ouvre à la radicalité.
Il ne s'agit pas d'une définition théologique mais de la manière dont le chrétien est invité à envisager sa vie, le sens qu'il doit lui donner. Ce sens pourrait s'exprimer ainsi :
Au nom de Jésus, donner totalement ma vie à Dieu et aux hommes, afin qu'elle soit pleine et abondante, au prix du sacrifice de ce qui pouvait auparavant m'apparaître bon et nécessaire, mais qui est maintenant secondaire à mes yeux.
Ce qui signifie :
− L'unification de la personne autour d'un projet de vie, réalisation du "rêve évangélique" qui donne sens à sa vie et qui donne le bonheur de vivre.
− Le "rêve" évoque ici que c'est Dieu qui est à l'origine et qui parle au cœur en l'ouvrant à la plénitude de vie. Ce n'est pas un projet spécifique que chacun aurait à bâtir par lui-même, seul.
Il signifie plutôt que le cœur est touché par une grâce spéciale qui éclaire l'avenir.
Ce "rêve évangélique" est plus qu'un projet, il est une "utopie" inspirée par l'Esprit (qui ouvre de larges horizons pour la vie et l'avenir, et dépasse nos propres capacités). Il donne sens. Il est comme le but ultime qui comble la vie mais auquel on ne parvient vraiment qu'en Dieu.
− Le choix d'un don, d'un abandon total de sa vie entre les mains de Dieu, un processus dynamique, joyeux, confiant, continuel et intense.
− En compagnie de Jésus de Nazareth, le grand ami, prié, servi, aimé, contemplé, avec bonheur.
Une culture vocationnelle:
La culture : "l'ensemble complexe des traits spirituels, matériels, intellectuels et affectifs spécifiques qui caractérisent une société ou un groupe social" (UNESCO, Mexico, 1982)
Au cœur de chacune de nos cultures, nous avons des valeurs qui sont susceptibles de favoriser l'ouverture du cœur à l'action de l'Esprit, et d'autres qui sont des obstacles plus ou moins forts.
Le travail de l'éducateur chrétien, spécialement dans le cadre d'une pastorale des vocations, sera donc de renforcer ce qui permet une réelle culture évangélique, une culture vocationnelle, une culture du "rêve évangélique" qui
− Ouvre la personne à la dimension du mystère qui l'habite et qu'elle apprend à nommer à travers la rencontre personnelle du Seigneur.
− Permet de faire l'expérience évangélique de l'Amour et de la Miséricorde de Dieu dans un cœur ouvert, joyeux et amoureux de la vie, à travers l'écoute de la Parole, les sacrements et la prière, mais aussi l'ouverture aux autres, notamment aux plus démunis, le don de soi dans le service concret et quotidien, l'expérience de l'écoute, de la gratuité et du pardon.
− Donne à chacun de faire l'expérience d'une liberté appelée à un engagement personnel dans une vie d'amour et de don de soi, une liberté surgie de la mort et de la résurrection de Jésus et don de l'Esprit.
− Rend la personne capable de confiance en soi et en Dieu, et de décision et de fidélité courageuse à la décision prise.
− Ouvre aux dimensions du monde et permet de dépasser des visions étriquées qui grossissent les petits problèmes.
− Permet de découvrir le sens indispensable du silence et de l'intériorité pour saisir la vérité à partir du mystère de la Présence de Dieu au cœur de la réalité elle-même.
Une éducation au sens.
L'objectif de l'éducateur doit être de permettre au jeune de faire l'expérience de Dieu comme d'un ami proche et attentif qui remplit de vie et de joie. C'est cette seule expérience qui peut évangéliser la part du rêve, de l'idéal de vie, du désir profond qui donne sens et qui oriente l'avenir.
D'où l'importance de l'écoute de la Parole, des sacrements, de la prière. L'appel à vivre d'une manière plus radical la vocation chrétienne ne peut être perçu sans cette relation intime et personnelle avec le Seigneur. La rencontre avec Jésus, fondement de toute vocation, naît d'une proposition "contagieuse" de croyants et de communautés qui l'ont déjà expérimentée et qui en vivent avec joie et dynamisme.
L'éducateur doit chercher à ouvrir les yeux des jeunes pour qu'ils débusquent ce qui les détourne de cette rencontre et qui trouble en eux le véritable bonheur de vivre et de se donner.
Qui ouvre au choix de la radicalité
Le choix de la radicalité, c'est se laisser transformer par la passion pour la plénitude de vie, une passion libératrice et agissante.
L'unique vocation chrétienne s'exprime et se concrétise dans les différentes vocations particulières. Une seule vocation par mille chemins ! Parmi ces chemins de vie, il est nécessaire aujourd'hui de présenter aux jeunes des propositions vocationnelles explicites de consécration religieuse et sacerdotale, notamment la vocation de Frère.
Ces présentations devront être fondées sur une authentique rencontre de Jésus, et s'appuyer sur le "rêve" que l'Esprit fait naître en chacun.
Il s'agit de trouver le courage d'inviter à partager cette expérience et ce choix.
La vocation de Frère doit être présentée d'une manière diversifiée : don de sa vie à Jésus, joie d'être frère avec des Frères, éducation des enfants au nom de Jésus, une vie de missionnaire, l'offrande joyeuse et totale d'une vie, aimer Jésus, etc… car nous ne savons pas par quel chemin de sens l'Esprit rejoint tel ou tel jeune.
La pastorale des vocations est une pastorale de l'appel, de l'interpellation. Elle est au service de l'appel que Dieu adresse. Nous en sommes les heureux serviteurs. La réponse ne sera pas une réponse à nous-mêmes mais à Dieu, une réponse personnelle jaillie de l'Esprit.
Pour cela, faire des propositions :
Raconter - Croire à la force du témoignage.
− Raconter sa propre histoire pour que chez d'autres naît le "rêve" inspiré par l'Esprit.
Raconter en n'ayant pas peur de dire des paroles qui dépassent ce que nous vivons en réalité parce que nous racontons le "rêve" de notre existence. Raconter sans tomber dans la pression ou la fascination malsaine de la séduction.
− Raconter en faisant entrer dans la communauté des saints, humblement, joyeusement, pour ouvrir le cœur à la Parole de l'Esprit.
"Faire l'expérience de"…
Il s'agit de faire des expériences qui sont attractives et capables de provoquer l'étonnement, et qui favorisent le passage de la provocation à l'intériorisation.
Par exemple :
− Des engagements précis dans le service missionnaire,
− Des expériences de prière dans le silence et la solitude,
− Une vie de groupe, groupe de soutien et de discernement vocationnel,
− La direction spirituelle (accompagnement, rencontres, correspondance personnelle, lectures utiles, etc…)
− Des temps spéciaux : retraites, journées vocationnelles, pèlerinages, rencontres diverses avec des jeunes, en Eglise.
− Des temps et lieux pour apprendre à interpréter les événements à la lumière du mystère que chacun porte en soi, à travers la rencontre de témoins, de l'écoute de la Parole de Dieu, de temps de prière contemplative…
Questions :
1. Qu'éveille en moi cette présentation (mon histoire personnelle, mon expérience d'éducateur, d'animateur en pastorale, …) ?
Comment présenter Jésus aux jeunes pour qu'ils soient saisis par lui et donne sens à leur vie?
Comment permettre aux jeunes de rejoindre ce "rêve évangélique" par lequel l'Esprit leur parle?
Comment proposer la vocation de Frère comme une réalisation spécifique de la vocation chrétienne et qui peut susciter chez les jeunes la naissance d'un "rêve" suscité par l'Esprit?
2. Quelles pratiques de pastorale vocationnelle rejoignent ce qui est évoqué ici?
Quels sont les aspects à développer dans notre pastorale vocationnelle ?
Voici le texte d'une des interventions faites lors de cette session.
Il y a place, sur ce blog pour échanger sur ce thème. Merci de votre participation.
Pastorale des Vocations
Une éducation au sens, une pastorale de cheminement.
Toute vocation, notamment celle au sacerdoce et à la vie consacrée, est une expression de l'unique vocation chrétienne, la vocation baptismale.
Par conséquent, ce qui est dit là, concerne tout baptisé dont quelques-uns peuvent entendre un appel à une radicalité plus grande.
"Sens" d'une vocation chrétienne qui s'ouvre à la radicalité.
Il ne s'agit pas d'une définition théologique mais de la manière dont le chrétien est invité à envisager sa vie, le sens qu'il doit lui donner. Ce sens pourrait s'exprimer ainsi :
Au nom de Jésus, donner totalement ma vie à Dieu et aux hommes, afin qu'elle soit pleine et abondante, au prix du sacrifice de ce qui pouvait auparavant m'apparaître bon et nécessaire, mais qui est maintenant secondaire à mes yeux.
Ce qui signifie :
− L'unification de la personne autour d'un projet de vie, réalisation du "rêve évangélique" qui donne sens à sa vie et qui donne le bonheur de vivre.
− Le "rêve" évoque ici que c'est Dieu qui est à l'origine et qui parle au cœur en l'ouvrant à la plénitude de vie. Ce n'est pas un projet spécifique que chacun aurait à bâtir par lui-même, seul.
Il signifie plutôt que le cœur est touché par une grâce spéciale qui éclaire l'avenir.
Ce "rêve évangélique" est plus qu'un projet, il est une "utopie" inspirée par l'Esprit (qui ouvre de larges horizons pour la vie et l'avenir, et dépasse nos propres capacités). Il donne sens. Il est comme le but ultime qui comble la vie mais auquel on ne parvient vraiment qu'en Dieu.
− Le choix d'un don, d'un abandon total de sa vie entre les mains de Dieu, un processus dynamique, joyeux, confiant, continuel et intense.
− En compagnie de Jésus de Nazareth, le grand ami, prié, servi, aimé, contemplé, avec bonheur.
Une culture vocationnelle:
La culture : "l'ensemble complexe des traits spirituels, matériels, intellectuels et affectifs spécifiques qui caractérisent une société ou un groupe social" (UNESCO, Mexico, 1982)
Au cœur de chacune de nos cultures, nous avons des valeurs qui sont susceptibles de favoriser l'ouverture du cœur à l'action de l'Esprit, et d'autres qui sont des obstacles plus ou moins forts.
Le travail de l'éducateur chrétien, spécialement dans le cadre d'une pastorale des vocations, sera donc de renforcer ce qui permet une réelle culture évangélique, une culture vocationnelle, une culture du "rêve évangélique" qui
− Ouvre la personne à la dimension du mystère qui l'habite et qu'elle apprend à nommer à travers la rencontre personnelle du Seigneur.
− Permet de faire l'expérience évangélique de l'Amour et de la Miséricorde de Dieu dans un cœur ouvert, joyeux et amoureux de la vie, à travers l'écoute de la Parole, les sacrements et la prière, mais aussi l'ouverture aux autres, notamment aux plus démunis, le don de soi dans le service concret et quotidien, l'expérience de l'écoute, de la gratuité et du pardon.
− Donne à chacun de faire l'expérience d'une liberté appelée à un engagement personnel dans une vie d'amour et de don de soi, une liberté surgie de la mort et de la résurrection de Jésus et don de l'Esprit.
− Rend la personne capable de confiance en soi et en Dieu, et de décision et de fidélité courageuse à la décision prise.
− Ouvre aux dimensions du monde et permet de dépasser des visions étriquées qui grossissent les petits problèmes.
− Permet de découvrir le sens indispensable du silence et de l'intériorité pour saisir la vérité à partir du mystère de la Présence de Dieu au cœur de la réalité elle-même.
Une éducation au sens.
L'objectif de l'éducateur doit être de permettre au jeune de faire l'expérience de Dieu comme d'un ami proche et attentif qui remplit de vie et de joie. C'est cette seule expérience qui peut évangéliser la part du rêve, de l'idéal de vie, du désir profond qui donne sens et qui oriente l'avenir.
D'où l'importance de l'écoute de la Parole, des sacrements, de la prière. L'appel à vivre d'une manière plus radical la vocation chrétienne ne peut être perçu sans cette relation intime et personnelle avec le Seigneur. La rencontre avec Jésus, fondement de toute vocation, naît d'une proposition "contagieuse" de croyants et de communautés qui l'ont déjà expérimentée et qui en vivent avec joie et dynamisme.
L'éducateur doit chercher à ouvrir les yeux des jeunes pour qu'ils débusquent ce qui les détourne de cette rencontre et qui trouble en eux le véritable bonheur de vivre et de se donner.
Qui ouvre au choix de la radicalité
Le choix de la radicalité, c'est se laisser transformer par la passion pour la plénitude de vie, une passion libératrice et agissante.
L'unique vocation chrétienne s'exprime et se concrétise dans les différentes vocations particulières. Une seule vocation par mille chemins ! Parmi ces chemins de vie, il est nécessaire aujourd'hui de présenter aux jeunes des propositions vocationnelles explicites de consécration religieuse et sacerdotale, notamment la vocation de Frère.
Ces présentations devront être fondées sur une authentique rencontre de Jésus, et s'appuyer sur le "rêve" que l'Esprit fait naître en chacun.
Il s'agit de trouver le courage d'inviter à partager cette expérience et ce choix.
La vocation de Frère doit être présentée d'une manière diversifiée : don de sa vie à Jésus, joie d'être frère avec des Frères, éducation des enfants au nom de Jésus, une vie de missionnaire, l'offrande joyeuse et totale d'une vie, aimer Jésus, etc… car nous ne savons pas par quel chemin de sens l'Esprit rejoint tel ou tel jeune.
La pastorale des vocations est une pastorale de l'appel, de l'interpellation. Elle est au service de l'appel que Dieu adresse. Nous en sommes les heureux serviteurs. La réponse ne sera pas une réponse à nous-mêmes mais à Dieu, une réponse personnelle jaillie de l'Esprit.
Pour cela, faire des propositions :
Raconter - Croire à la force du témoignage.
− Raconter sa propre histoire pour que chez d'autres naît le "rêve" inspiré par l'Esprit.
Raconter en n'ayant pas peur de dire des paroles qui dépassent ce que nous vivons en réalité parce que nous racontons le "rêve" de notre existence. Raconter sans tomber dans la pression ou la fascination malsaine de la séduction.
− Raconter en faisant entrer dans la communauté des saints, humblement, joyeusement, pour ouvrir le cœur à la Parole de l'Esprit.
"Faire l'expérience de"…
Il s'agit de faire des expériences qui sont attractives et capables de provoquer l'étonnement, et qui favorisent le passage de la provocation à l'intériorisation.
Par exemple :
− Des engagements précis dans le service missionnaire,
− Des expériences de prière dans le silence et la solitude,
− Une vie de groupe, groupe de soutien et de discernement vocationnel,
− La direction spirituelle (accompagnement, rencontres, correspondance personnelle, lectures utiles, etc…)
− Des temps spéciaux : retraites, journées vocationnelles, pèlerinages, rencontres diverses avec des jeunes, en Eglise.
− Des temps et lieux pour apprendre à interpréter les événements à la lumière du mystère que chacun porte en soi, à travers la rencontre de témoins, de l'écoute de la Parole de Dieu, de temps de prière contemplative…
Questions :
1. Qu'éveille en moi cette présentation (mon histoire personnelle, mon expérience d'éducateur, d'animateur en pastorale, …) ?
Comment présenter Jésus aux jeunes pour qu'ils soient saisis par lui et donne sens à leur vie?
Comment permettre aux jeunes de rejoindre ce "rêve évangélique" par lequel l'Esprit leur parle?
Comment proposer la vocation de Frère comme une réalisation spécifique de la vocation chrétienne et qui peut susciter chez les jeunes la naissance d'un "rêve" suscité par l'Esprit?
2. Quelles pratiques de pastorale vocationnelle rejoignent ce qui est évoqué ici?
Quels sont les aspects à développer dans notre pastorale vocationnelle ?
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